venerdì 7 marzo 2014

VENEZUELA ED UCRAINA. SOCIETA' IN RIVOLTA E MEDESIMA RETORICA USATA NEI CONFRONTI DI CHI SI OPPONE. Qui sont les « fascistes » au Venezuela et en Ukraine ?, LE MONDE, 7 marzo 2014

Entre le Venezuela et l'Ukraine, il y a non seulement des milliers de kilomètres, mais d'immenses différences historiques, politiques et culturelles. Pourtant, confrontés à la contestation et à des manifestations d'opposition, les présidents Nicolas Maduro et son homologue déchu Viktor Ianoukovitch ont eu recours à la même rhétorique. A les entendre, les opposants seraient des « fascistes » et des « putschistes ».
Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de disqualifier les opposants. Mais pourquoi exactement dans les mêmes termes, employant les mêmes mots ?



Des manifestants pro-russes, le 23 février à Sébastopol. Sur la pancarte : "Pas de fascisme en terre russe !" Vasiliy Batanov/AFP
Des manifestants pro-russes, le 23 février à Sébastopol. Sur la pancarte : "Pas de fascisme en terre russe !" Vasiliy Batanov/AFP
La réponse ne saurait être trouvée dans l'histoire des deux pays. En Ukraine, le fascisme renvoie à un passé honni, à la seconde guerre mondiale. Mais au Venezuela, il n'y a rien de comparable. Retour sur l'histoire :
Les Vénézuéliens s'étaient débarrassés de la dictature du général Marcos Pérez Jimenez en 1958. Pendant les quarante ans suivants, les sociaux-démocrates (Action démocratique) et les démocrates chrétiens (Copei) ont occupé alternativement le pouvoir. Soit une gauche réformiste et des centristes plutôt modérés. Ils sont aujourd'hui dans l'opposition, à côté d'autres partis, certains plus à droite, mais d'autres aussi plus à gauche, et même à l'extrême gauche. Aussi bien Henrique Capriles Radonski, l'ancien candidat à l'élection présidentielle, que Leopoldo Lopez, aujourd'hui emprisonné, ont choisi de se positionner au centre gauche.
Les Vénézuéliens à contre-courant de l'Amérique latine
Des partisans de l'ex-président Hugo Chavez, le 20 février à Caracas. Rodrigo Abd/AP
Des partisans de l'ex-président Hugo Chavez, le 20 février à Caracas. Rodrigo Abd/AP
Le Venezuela des années 1960 à 1998, avant la première élection de Chavez, était à contre-courant du reste de l'Amérique latine, en proie à une prolifération de coups d’État militaires et de régimes autoritaires. Les fascistes, les putschistes sévissaient ailleurs, tandis que Caracas, havre de démocratie, accueillait de nombreux réfugiés politiques latino-américains.
En 1992, le Venezuela a connu deux tentatives de coup d'Etat militaire, commandées par le lieutenant-colonel Hugo Chavez. Aussi incongru que cela puisse paraître, ces atteintes à l'ordre constitutionnel sont aujourd'hui fêtées par le régime chaviste comme des gestes héroïques, et célébrées par un jour férié, le 4 février.
Diosdado Cabello et Nicolas Maduro, le 24 février à Caracas. Juan Barreto/AFP
Diosdado Cabello et Nicolas Maduro, le 24 février à Caracas. Juan Barreto/AFP
Les anciens officiers putschistes formaient le premier cercle autour de Chavez, après son arrivée au pouvoir. Le lieutenant-colonel faisait davantage confiance aux militaires qu'aux civils. Les militaires sont toujours aussi bien représentés dans le gouvernement Maduro, dans les institutions et les entreprises publiques, renforcés par des officiers d'active. Le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, numéro deux du régime, a même été promu récemment : alors qu'il fait partie du cadre de réserve, il est passé de lieutenant à capitaine.
En 2002, il y a eu une autre tentative ratée de putsch, cette fois contre Chavez. Ce que les chavistes « oublient » de rappeler, c'est que le président a démissionné à la demande de la hiérarchie militaire, qu'il s'est rendu sans opposer de résistance – comme il l'avait fait d'ailleurs en 1992. Des chaînes de télévision, des chefs d'entreprise et des hommes politiques se sont empressés de prendre le train en marche, mais la locomotive était bel et bien aux mains des militaires.
L'expérience le prouve : pas de coup d’État militaire sans officiers d'active, à la tête d'unités opérationnelles. Les fantasmes des uns et les velléités des autres n'y changent rien.
La répression par des groupes paramilitaires
Lors de la commémoration de la mort d'Hugo Chavez, le 5 mars à Caracas. Fernando Llano/AP
Lors de la commémoration de la mort d'Hugo Chavez, le 5 mars à Caracas. Fernando Llano/AP
Jeudi 5 mars, le défilé militaire pour célébrer le premier anniversaire de la mort de Chavez a illustré de quel côté se trouvent les armes au Venezuela. Outre les blindés et les fantassins des forces armées, ainsi que les policiers, on a vu défiler les milices et les « collectifs » chavistes, soit des groupes paramilitaires, armés et commandés par le pouvoir. Maduro a demandé à ces derniers de réprimer les manifestations de l'opposition. Depuis début février, les affrontements ont fait une vingtaine de morts, la plupart par balles.
Lors des funérailles de Juan "Juancho" Montoya, membre d'un "collectivo" pro-Maduro, tué le 12 février à Caracas. Carlos Garcia Rawlins/Reuters
Lors des funérailles de Juan "Juancho" Montoya, membre d'un "collectivo" pro-Maduro, tué le 12 février à Caracas. Carlos Garcia Rawlins/Reuters
L'utilisation d'irréguliers pour réprimer les opposants était une des caractéristiques du fascisme italien, dont la dénomination vient justement des « fascio », les groupes d'anciens combattants et de nervis chargés de semer la terreur. On n'utilise plus l'huile de ricin comme à l'époque de Mussolini, mais des armes de poing, voire des fusils mitrailleurs.

L'emploi d'une même rhétorique au Venezuela et en Ukraine ne s'explique pas par d'éventuelles similitudes, mais par l'inspiration des mêmes manuels soviétiques. En Amérique latine, Cuba a depuis longtemps remplacé la Russie dans la diffusion de ce genre de littérature, dont l'influence dans le formatage des mentalités et les réflexes sécuritaires pavloviens ne sauraient être négligés. C'est auprès des Cubains que Nicolas Maduro a fait ses classes en politique

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